Un nom au cœur des enjeux contemporains et des imaginaires
Si la Nièvre a servi de patronyme administratif, elle porte aussi une charge symbolique et poétique. Pour de nombreux écrivains locaux, de Romain Rolland à Jules Renard (né à Châlons-du-Maine mais maire de Chitry-les-Mines), la “Nièvre” évoque douceur et discrétion. Rolland écrivait dans ses “Cahiers de la Nièvre” en 1910 : “La Nièvre, c’est la patience, la mémoire de l’eau...”.
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La Nièvre, symbole de ruralité tranquille : La densité de population, tombée à 29 habitants par km² en 2021 (source INSEE), nourrit une image de territoire préservé, parfois injustement qualifié de “désert rural” mais célébré pour son authenticité.
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Patrimoine fluvial et panneaux de randonnée : L’appellation “Nièvre” balise de nombreux sentiers (“Sentier de la Petite Nièvre”, “Boucle des deux Nièvres”), faisant du nom un repère pour marcheurs et amoureux de nature.
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Identité revendiquée : Lors des débats sur la réforme territoriale (fusion de régions en 2016), les habitants ont largement défendu le maintien de la “Nièvre”, refusant tout effacement au profit d’entités plus vastes. Articles et motions du Conseil départemental de 2015 en témoignent (“Le Journal du Centre”).
Ce que la Nièvre murmure encore aujourd’hui
Sous le nom “Nièvre”, s’exprime doublement l’histoire d’une rivière et celle d’un engagement républicain : faire du territoire une réalité vécue, partagée, transmise. Le mot a traversé l’oubli du passé préceltique, la force féodale, la grande fracture révolutionnaire, la modernité des routes et du rail. Si la Nièvre a donné son nom au département, c’est que cette rivière, au-delà de ses méandres discrets, symbolise le patient travail de liaisons — entre villages, entre générations, entre mémoire et projet.
Récemment encore, la Nièvre inspire des initiatives collectives : festivals “Rendez-vous du Flottage”, écomusées, sentiers bannissant le bitume pour retrouver le fil de l’eau. Elle irrigue aussi l’imaginaire contemporain, qu’il s’agisse des documentaires diffusés sur France 3 Bourgogne, des ouvrages de la Société académique du Nivernais, des témoignages de “vieux du pays” évoquant encore le “pays de la Nièvre”, où le nom a toujours une saveur de terroir vivant, loin des frontières administratives sèches.
- Sources complémentaires :
- “Chronique de la Nièvre”, Jean-Marie Théron, 2005
- Dictionnaire historique des noms de lieux – Dauzat & Rostaing
- Archives départementales de la Nièvre (fonds révolutionnaires, cartes cadastrales XIXe)
- INSEE, chiffres démographiques 2022-2024
- Le Journal du Centre, articles 2015-2023
Si l’on suit la Nièvre au fil de ses méandres, c’est toute la singularité de ce département qui se révèle : une identité lente, fluide, enracinée, qui continue d’inspirer celles et ceux qui prennent le temps d’écouter ce que nous murmure le nom du territoire.